Selon la tradition orale, ce bâtiment aurait été construit vers 1764, soit quelques années après l’incendie du premier manoir seigneurial par les troupes anglaises en 1759. L’édifice abrite un four à pain ainsi qu’un puits.
Philippe Aubert de Gaspé, dans son roman Les anciens Canadiens (1863), en fait allusion lorsqu’il signale la présence, au sud-est du manoir, d’un pavillon recouvrant un puits qui communiquait à la cuisine du logis principal par un long dalot – mis à jour lors des fouilles archéologiques - et qui servait également de buanderie.
Anciennement, en milieu rural, le voyageur pouvait observer à proximité ou attenant à presque chaque habitation de tels fours à pain. Ils étaient généralement construits en glaise, parfois en briques et, beaucoup plus rarement, en pierres avec une voûte de briques comme celui-ci.
Le four à pain servait, bien entendu, principalement à la cuisson du pain. On y cuisait aussi des fèves au lard, des pâtés de viande ou encore des galettes. Pendant la belle saison, il est fort possible qu’on y ait partagé des repas. Mais bien d’autres utilisations lui furent dévolues.
Disposant d’un puits et bien abrité, on y effectuait de plus divers travaux domestiques. Comme le rapporte Philippe Aubert de Gaspé, le bâtiment fit également office de buanderie. On devait, par exemple, y fouler et faire sécher les étoffes du pays.
Le four à pain symbolise les us et coutumes traditionnels du pays. À Saint-Jean-Port-Joli, les artistes nous offrent d’ailleurs un vaste choix de fours miniatures habilement sculptés qui nous rappelle le bon pain de ménage d’antan.
De 1964 à 1975, le fournil des Aubert de Gaspé a servi à abriter le Musée des Anciens Canadiens, fondé par Maurice Leclerc. Puis, le musée a déménagé au 332, avenue De Gaspé Ouest et est devenu le Musée de sculptures sur bois des Anciens Canadiens, un des attraits touristiques les plus importants de Saint-Jean-Port-Joli.
Aujourd’hui, c’est la Corporation Philippe-Aubert-de-Gaspé qui assure la conservation et la mise en valeur du fournil des Aubert de Gaspé. Elle l’a même fait restaurer en 2008. Par ailleurs, le four à pain, comme le prouvent les photos précédentes, fonctionne toujours.
Référence : Musée de la mémoire vivante
Collections : Huguette Leclerc Schweiger, Musée de la mémoire vivante (Photographe : Judith Douville), Louis Saint-Pierre, Frantz Delice et Sophie Lemelin-Guimond, René Gilbert, René Hardy (Photographe : René Hardy)