« André Bourgault naît à Saint-Jean-Port-Joli, le 30 novembre 1898, du mariage de Magloire Bourgault et d’Émilie Legros. André est le sixième d’une famille qui comptera seize enfants. […]
À l’aube de la Première Guerre mondiale, André Bourgault est à l’âge de l’adolescence. Il subit probablement l’influence de ses frères, Alphonse, Antonio et Médard, qui, tous les trois, sont en mer. Lui, ce sera la navigation sur les Grands Lacs et sur le Saint-Laurent. […] Pendant les mois d’hiver, on le retrouve jusque dans les chantiers forestiers à l’Île Anticosti. Marin, il navigue à bord du brise glace « C. G. S. Montcalm »; du « Sable », navire qui effectue le transport des marchandises sur la Côte Nord; du « Chemong », barge appartenant à la Compagnie Carter and Wood, affectée au transport des céréales et du charbon sur les Grands Lacs; du « S. S. Glengedy », barge qui sillonne les Grands Lacs aussi pour y effectuer le transport du charbon et des céréales, pour ne nommer que ceux-là. […]
Pendant ces moments de repos, le marin suit des cours de peinture et de dessin – le temps d’une saison – au Gesù, à Montréal; cours dispensés par des professeurs de l’École des Beaux-Arts. Plus tard, cette formation contribuera à faire du sculpteur un dessinateur accompli. Certains contemporains se souviennent aussi de l’avoir remarqué, pendant une saison estivale, alors qu’il s’exerçait à faire naître des formes, à animer ses pièces de bois, installé devant une boutique de souvenirs située à proximité du Port de Québec. […]
En 1931, il abandonne la navigation [et rejoint ses frères Médard et Jean-Julien à leur atelier de sculpture]. De surcroît, les travaux abondent à l’atelier qu’il partage avec ses frères. Mais, l’artisan-sculpteur chérit sa liberté! Lui, il est encore célibataire. Ainsi, le marin, le travailleur forestier de naguère déserte l’établi. En cette fin de l’année 1935, il reprend la clef des champs!
L’artisan quitte les siens pour aller s’établir dans la région de Loretteville. Il rejoint Maurice Bastien, un fabricant de raquettes. C’est à ce moment qu’il connaît celle avec qui il partagera sa vie. Le 5 février 1936, à l’église Notre-Dame de Lorette, il épouse une Amérindienne, Cécile Laîné. De cette union naîtront onze enfants : cinq filles et six garçons.
Dès le printemps 1936, André Bourgault revient dans son village. Il retourne à son établi : celui du sculpteur. Il embrasse pour toujours la forme d’expression qui lui permettra de matérialiser ses aspirations, soit l’art paysan. Il fonde alors son propre atelier au Port-Joly. C’est l’époque où le sculpteur reçoit d’importantes commandes pour ses pièces d’art paysan. Mentionnons, The Canadian Handicrafts Guild, de Montréal; aussi, Monsieur H. V. Henderson de Bathurst, au Nouveau-Brunswick, et tant d’autres par la suite.
Dès ce moment, des neveux et des nièces se joignent à lui. Puis, successivement, des jeunes de son village, des villages voisins et aussi d’autres apprentis venus d’ailleurs en Province. Parmi eux, on compte des étudiants en stage, en vertu d’un plan du gouvernement du Québec pour favoriser le développement des arts et des métiers de chez nous. Aussi, des vétérans de la Deuxième Guerre mondiale, 1939-1945. Ces artisans en herbe viennent s’initier à l’art paysan pratiqué à la manière d’André Bourgault. Soulignons que l’atelier-école compte deux élèves en 1936, six en 1941, plus de vingt en 1945. […]
Puis, arrive le jour où, sans avertir, l’artiste quitte l’établi pour toujours. C’est le vendredi soir, 31 janvier 1958. André Bourgault traverse la chaussée en face de sa demeure. Il porte une dernière œuvre à l’atelier de son frère Jean-Julien. Aveuglé par la poudrerie, un automobiliste le heurte à mort. Tragiquement, à l’âge de 59 ans, disparaît un membre du trio connu mondialement : Les frères Bourgault. André Bourgault n’est plus. »
Texte tiré de :
Angéline Saint-Pierre, « André Bourgault, sculpteur », Saint-Jean-Port-Joli, publié à compte d’auteur, 1996, p. 11, 25, 39, 42, 44, 48, 51, 52, 54, 55.
Collections : Gertrude Bourgault (Photographe : Alphonse Toussaint (1918-2008)), Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, Nicole Bourgault (Photographe : Lida Moser), Louis Saint-Pierre, Marie-Hélène Bourgault (Photographe : Chris Lund), Musée de la mémoire vivante (Photographe : Judith Douville).