« L’élégante chapelle située à l’est du village de Saint-Jean-Port-Joli a été érigée par la fabrique paroissiale en 1890 sur les ruines d’une précédente datant de 1844. L’architecte Charles Bernier, qui habitait dans son voisinage, en aurait donné le plan. Seul un autel fabriqué par des artisans locaux en meuble l’intérieur : tabernacle de François Lemieux ; tombeau de Jean-Baptiste Legros. Elle servait normalement aux processions du saint sacrement le jour de la Fête-Dieu.
Les chapelles du saint sacrement, communément appelées chapelles de procession, se présentent comme des églises ramenées à l’échelle de l’individu et de la famille. Il y en avait souvent deux, situées à égale distance de part et d’autre de l’église paroissiale. Érigées le long des chemins, elles remplissent à certains égards la même fonction que les croix de chemin, c’est-à-dire de descendre Dieu dans la rue. Tout comme les croix elles apparaissent avec l’ouverture des routes au XVIIIe siècle. C’est en 1733, à Saint-Étienne-de-Beaumont, qu’est érigée l’une des premières chapelles de procession. Ces chapelles ont surtout servi à porter en procession le saint sacrement – pièce d’orfèvrerie dans laquelle on expose l’hostie consacrée – à la Fête-Dieu, célébrée normalement en juin.
Le chemin qui relie l’église paroissiale à la chapelle était décoré de tentures, de fleurs, de guirlandes de feuillage vert, tandis que la chapelle abritait le reposoir, autel éphémère dressé sous la surveillance du curé, qui y célébrait la messe par beau temps. Ces reposoirs devaient être montés avec bon goût et dignes de leurs pieuses fins, écrit-on dans la Discipline diocésaine, ouvrage destiné à la conduite des paroisses : « Il ne serait pas convenable d’y mettre toutes sortes de garnitures domestiques, des lampes de diverses couleurs, des peintures ou des gravures impropres à favoriser la piété ou même représentant des saints. Du branchage bien choisi, bien disposé et suffisamment isolé des lumières, constitue un parement extérieur à la fois convenable et économique. » (Discipline diocésaine, Québec, 1937, p. 467)
En 1923, J. Arthur Fournier, l’auteur de la première monographie de Saint-Jean-Port-Joli [demeurée à l’état de tapuscrit jusqu’en 2012], révèle que cette chapelle n’a pas servi bien longtemps aux processions quand il affirme : « Autrefois la procession s’y rendait ordinairement chaque fois qu’elle sortait de l’église, mais depuis une vingtaine d’années elle ne s’y rend que très rarement. » (Mémorial de Saint-Jean-Port-Joli, publiée en 2012 par le Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli, p. 380) »
Texte de :
Jean Simard, « La chapelle de procession », 1er avril 2013.
Collections :
Louis Saint-Pierre
Nicole Bourgault
Tricentenaire de Saint-Jean-Port-Joli